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Jéhovah, Allah et les abattoirs

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Message  gédéon22 Mar 5 Juil - 22:23

Jéhovah, Allah et les abattoirs
Par Laurent Joffrin, directeur de la rédaction — 4 juillet 2016 à 20:31
ÉDITO
Les droits de Dieu sont-ils supérieurs à ceux des animaux? A beaucoup, la question paraîtra incongrue et, à tous les croyants, sacrilège. Pourtant, le gouvernement français devra peut-être, à son corps défendant, trancher. Depuis plusieurs semaines, une commission parlementaire présidée par le député (ex-PS) Olivier Falorni visite les abattoirs français pour enquêter sur la maltraitance dont sont victimes les vaches, moutons ou poulets destinés à la consommation courante. Cette investigation doit beaucoup aux vidéos que l’association L214 a diffusées et où l’on assiste à des scènes sanglantes de mises à mort d’animaux soumis à des souffrances atroces. Il s’agit pour les élus de vérifier si les méthodes d’abattage, qui supposent une limitation du stress subi par les bêtes, un étourdissement préalable et une mort rapide, correspondent bien aux normes édictées par l’administration.

Soucieux de défendre la filière de l’élevage, qui traverse une crise grave, le ministère tend bien sûr à minimiser les problèmes qui se posent dans les abattoirs - il vient encore de le dire en rendant public un rapport d’inspection du mois d’avril - tandis que les associations qui luttent contre la souffrance animale sont bien plus critiques. Certaines, comme L214, estiment même que l’abattage est par nature criminel et prônent le dépérissement progressif de la consommation de viande.

Au fil de ses recherches, la commission est tombée sur un problème épineux : aux termes d’un ancien accord avec les pouvoirs publics, deux religions, l’islam et le judaïsme, ont obtenu une dérogation aux conditions habituelles d’abattage. Les règles alimentaires imposées par leur culte - halal et casher - interdisent que les animaux soient étourdis avant d’être abattus. Par souci de concorde, les pouvoirs publics ont autorisé l’abattage traditionnel dans les établissements français. Mais cette pratique dérogatoire pose plusieurs problèmes aigus.

Marginale au départ, elle concerne désormais un nombre important d’animaux (des centaines de milliers). Et les vétérinaires, dans leur grande majorité, estiment que l’absence d’étourdissement inflige aux bêtes une souffrance excessive, voire choquante. Les deux dernières vidéos de L214, particulièrement violentes, ont été tournées dans un abattoir appliquant les prescriptions religieuses.

Faut-il dès lors proscrire l’abattage rituel dans les abattoirs français ? La Suisse a mis en place une législation de ce type. Du coup, elle doit acheter à l’étranger la viande consommée par les pratiquants des deux religions. Ou bien est-il possible de négocier un accord avec les autorités de l’islam et du judaïsme français, même si elles opposent pour l’instant une fin de non-recevoir à toute modification des règles actuelles ? En Indonésie, premier pays musulman du monde, l’étourdissement préalable des bêtes est bien admis. On peut imaginer qu’un théologien habile saura justifier une réforme qui aurait l’avantage de limiter les souffrances endurées par les animaux. Après tout, les vaches ou les poulets ont, avec l’islam et le judaïsme, des rapports assez lointains pour ne pas en subir les cruelles conséquences. Les mauvaises langues diront que l’obscurantisme religieux est condamnable. C’est oublier que d’autres traditions, bien laïques, infligent aussi des tortures aux animaux, par exemple la consommation de foie gras ou encore celle du chapon, qui suppose une castration à vif de l’animal. Sans parler de la corrida, défendue par un lobby à la fois populaire et bobo, adepte de cette tradition barbare. On notera au passage que les juifs et les musulmans ont le mérite compensatoire d’épargner les cochons, que les non-religieux consomment en quantités énormes.

Il faut évidemment souhaiter un compromis qui ménage les dogmes religieux et fasse moins souffrir les animaux. Mais il faut aussi y voir l’éternel conflit, qui domine toujours nos sociétés, entre l’identité traditionnelle et le progrès des droits. Tout un courant identitaire fustige la naissance régulière de nouveaux droits qui autorisent l’individu à s’affranchir de la tradition. Le droit des animaux, qui est le droit de ne pas souffrir inutilement et qui progresse dans la sensibilité contemporaine, entre dans cette catégorie. Les défenseurs de la tradition justifieront l’abattage rituel ; les partisans d’un droit plus protecteur plaideront pour sa réforme. Quant aux thuriféraires de «l’identité française», qui ne sont pas à une contradiction près, ils critiqueront l’abattage rituel mais défendront le foie gras, le chaponnage ou la corrida. L’identité, quand on la tient pour intangible, est bien un obstacle au progrès. Il faut espérer que Dieu, en principe voué au bien et qui a créé les hommes et les animaux, se soucie avec un regard nouveau des uns et des autres.

Laurent Joffrin directeur de la rédaction
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